mercredi 23 novembre 2011

3) Regards multiples sur La guerre des mondes, entre transposition et réinterprétation


 Les images ont une importance considérable, et s'ancrent plus facilement dans l'imaginaire médiatique. De nombreuses œuvres visuelles, explicitement ou implicitement, ont repris cette thématique d'une invasion extraterrestre fulgurante et destructrice: nous pouvons alors évoquer le principe de transposition. Ce terme est utilisé notamment en musique, pour définir un changement de hauteur des notes d'une mélodie. Certaines œuvres de la fiction populaire, en s'inspirant directement ou indirectement de l'imaginaire propre à La guerre des mondes, utilisent ce même principe de transposition; elles portent alors un autre regard sur cette mythologie.

Affiche d'Independance Day, Rolan Emmerich, 1996

 
Nous pouvons prendre comme exemple Independance Day, film réalisé par Roland Emmerich, sorti en 1996. Il est question d'un panel de personnage, composé notamment du président des Etats-Unis, d'un scientifique et d'un militaire, qui sont confrontés à une invasion extraterrestre de grande ampleur. Tout comme dans La guerre des mondes, cette même invasion a comme conséquence l'extermination de la race humaine. Malgré les différences scénaristiques, Independance Day reprend des éléments primordiaux de la mythologie extraterrestre de La guerre des mondes. Effectivement, l'invasion est brutale et sidérante, les scènes de destruction et d'extermination effrayantes. Il est alors question de survivre dans un monde présenté comme apocalyptique, ou l'espoir ne semble plus avoir sa place, et ou l'homme semble impuissant.
Mais dans ce cas précis, nous pouvons parler d'une réinterprétation du mythe, soit d'un autre regard porté sur l'imaginaire de La guerre des mondes: c'est l'homme qui reconquiert la Terre. Effectivement, la victoire est due à l'injection d'un virus informatique dans le vaisseau mère des extraterrestres, par deux des protagonistes. Dans La guerre des mondes, ce sont des bactéries Terriennes qui ont raison des ennemis: la Terre elle-même, indépendamment de l'impuissance des hommes, se défend et évite de peu l'extermination de la race humaine. A contrario, Independance Day met en scène l'idée que l'homme est dans la capacité de gagner sa liberté. L'invasion extraterrestre  n'a donc pas la même portée, puisque il s'agit alors d'une guerre entre les hommes et les extraterrestres. Dans La guerre des mondes, c'est surtout un affrontement entre ces mêmes extraterrestres et la Terre.
 
  La même année qu'Independance Day, c'est à dire en 1996, sort Mars Attack, réalisé par Tim Burton. Comédie parodique des films de science-fiction des années 50, Mars Attack reprend également des éléments propres au mythe de La guerre des mondes.

Affiche de Mars Attack, Tim Burton, 1996

 
Les extraterrestres, comme l'annonce d'emblée le titre, viennent de Mars. L'invasion en elle-même est particulièrement violente, les Martiens utilisant des armes qui rappellent le fameux Rayon Ardent du roman d'H.G Wells. Le comique du film tient surtout à l'exagération  des procédés de l'invasion: les humains sont aussi naïfs que les extraterrestres sont cruels, et l'incapacité de défense des hommes est amplifiée.
Il s'agit alors d'une transposition satirique, et d'un regard amusé sur une mythologie connue de tous. Pourtant, cette parodie démontre l'influence majeure de La guerre des mondes. Effectivement, lorsqu'un genre ou une fiction est parodiée, cela prouve son importance au sein de la fiction populaire. Pour comprendre la parodie, il faut d'abord connaître ses sources. Ainsi, faire un film humoristique en reprenant des éléments de l'invasion extraterrestre de La guerre des mondes, engendre l'idée que cette même invasion est ancrée dans l'imaginaire collectif.
La guerre des mondes, sous ses différents aspects, formes et supports, est aujourd'hui un élément incontournable de la fiction populaire. L'aspect textuel se mêle à l'aspect visuel. De nombreux éléments, de ce que nous pouvons appeler une mythologie, sont repris, transposés et réinterprétés, permettant ainsi une généralisation de cette invasion extraterrestre légendaire. Nous pouvons alors nous interroger aux enjeux de cette même invasion par le biais de regards croisés